GUEST POST: DOMINIQUE SYLVAIN
Author of Dirty War, Dominique Sylvain reveals her writing influences in this touching piece:
Les romans sont des pierres séchées par le soleil après la pluie. En les retournant, on peut découvrir une vie secrète, vivace et étrange. Books are stones dried by the sun after the rain. By turning them over, one can discover a secret life, lively and strange.
Cet ailleurs inconnu s’agrippe à Baka !, mon premier roman. Nous sommes en 1993, je vais bientôt partir avec ma famille m’installer à Tokyo. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation, mais une obligation magnifique, ce pays me fait rêver depuis longtemps. This unknown place leads me to Baka !, my first book. It’s 1993, I will soon leave with my family to live in Tokyo. It’s not a choice, it’s obligatory, but wonderfully obligatory as I’ve been dreaming about the country for a long time.
Le rêve est entretenu par la beauté limpide des Chroniques japonaises de Nicolas Bouvier et par celle d’Akira, le film d’animation tiré du manga éponyme. This dream is upheld by the Japanese Chronicles by Nicholas Bouvier and by Akira, the eponymous animated Manga film.
Je n’ai jamais écrit de fiction, mais j’en brûle d’envie. Juste avant le départ, je prends des photos au hasard dans Paris en pensant à Georges Simenon, Raymond Chandler, Patricia Highsmith, Manuel Vázquez Montalbán et Seicho Matsumoto. I’ve never written fiction, but I’m burning with the desire to do so. Just before leaving, I take random photos in Paris, thinking about Georges Simenon, Raymond Chandler, Patricia Highsmith, Manuel Vázquez Montalbán and Seicho Matsumoto.
Rien ne se passe. Paris a la beauté d’un musée. Impossible de discerner quoi que ce soit, sinon des ombres, mais je cherche. Nothing happens. Paris is beautiful like a museum. It’s impossible to make anything other than shadows out, but I continue to look.
C’est à Tokyo que je trouve ce que je veux raconter. L’histoire d’une fille qui débarque dans un pays qu’elle ne connaît pas. Tout lui échappe, la langue, les codes, le moyen d’éviter les ennuis, mais elle se doit de trouver la vérité. It’s in Tokyo that I find what I want to write. The story of a girl who arrives in a country that she doesn’t know. Everything eludes her; the language, the codes, how to avoid problems, but she has a duty to uncover the truth.
Du moins une certaine vérité. C’est la naissance de Louise Morvan, ma première héroïne. Un mélange de détective privé et de femme fatale qui se promène dans un Tokyo gorgé de pluie et d’inquiétude. At least a certain truth. This is the birth of Louise Morvan, my first heroine. She’s a mix of a private detective and a femme fatale who walks around Tokyo soaked in rain and worry.
C’est une idiote (baka, en japonais) qui croit pouvoir élucider une affaire banale et se retrouve à enquêter sur la mort d’une jeune Allemande guère plus avisée qu’elle. Louise, c’est moi au sens où les romanciers sont presque tous des idiots. She’s an idiot (baka in Japonese) who thinks she’s able to bring to light a banal case and finds herself investigating the death of a young German young, barely wiser than herself. Louise is me in the sense that almost all novelists are idiots.
Je l’ai découvert grâce à Meurtres dans un jardin anglais de Peter Greenaway. On y apprend que l’artiste est un crétin magnifique qui a la chance de pouvoir capter les vibrations du monde pour les renvoyer, modifiées et alors transmissibles, vers ses contemporains. I discovered this thanks to The Draughtman’s Contract by Peter Greenaway. From the film we learn that an artist is a magnificent cretin who is lucky enough to receive the world’s vibrations and then send them back, modified and transmittable to his contemporaries.
Il ne sait pas exactement ce qu’il fait mais il le fait car il le sent. Son instinct lui souffle des commandes et il les exécute. I don’t know exactly what he does, but he does it because it feels like it. His instinct breathes him his commands and he follows them.